la filariose  lymphatique.

élaboration des stratégies pour lutter contre l’une des maladies infligeant les plus graves atteintes physiques:

éléphantiasis (enflure énorme des membres inférieurs), 

Anophèle

L'éléphantiasis, stade ultime de la filariose lymphatique

             

Aide - Mémoire N° 190

Janvier 1998

FILARIOSE LYMPHATIQUE:

La filariose lymphatique, connue sous le nom d'éléphantiasis, menace plus d'un milliard d'êtres humains dans 73 pays. Cette maladie a déjà touché plus de 120 millions d'entre eux, dont 43 millions gravement. Un tiers des personnes infectées vivent en Inde, un tiers en Afrique et la plupart des autres cas se trouvent en Asie du Sud-Est, dans le Pacifique et aux Amériques. Dans les régions tropicales et subtropicales où la filariose est déjà bien installée, sa prévalence continue de croître. La croissance rapide et non planifiée des villes est l'une des principales causes de cette augmentation, car elle crée de nombreux sites de reproduction pour les moustiques qui transmettent la maladie.

    Parmi ses manifestations les plus évidentes, la filariose lymphatique provoque le gonflement de tout un membre (bras ou jambe), des organes génitaux, de la vulve et des seins. Dans les communautés d'endémie, 10 à 50 % des hommes et jusqu'à 10 % des femmes peuvent être atteints. Une stigmatisation psychologique et sociale immense intervient à cause de cet aspect de la maladie. En outre, les filaires entraînent dans les reins et le système lymphatique des lésions internes et cachées qui sont encore plus courantes que les anomalies déclarées.

Cause : Les vers filiformes parasitaires nommés filaires, appartenant aux espèces Wuchereria bancrofti et Brugia malayi et provoquant la filariose lymphatique, vivent presque exclusivement chez l'homme où ils se logent dans le système lymphatique, réseau de ganglions et de vaisseaux qui maintiennent l'équilibre hydrique délicat entre le sang et les tissus et qui sont un élément essentiel de la défense immunitaire de l'organisme. Ils vivent 4 à 6 ans en produisant des millions de microfilaires immatures, des larves minuscules, qui circulent dans le sang.

Transmission : Les moustiques transmettent la maladie en piquant des êtres humains infectés et en absorbant alors les microfilaires. Celles-ci se développent ensuite pour atteindre le stade infectieux en 7 à 21 jours habituellement. Les larves migrent alors dans les pièces buccales du moustique qui lui servent à piquer, y attendent d'être inoculées dans la circulation sanguine d'un nouvel individu et achèvent ainsi leur cycle de développement.

Signes et symptômes : Le développement de la maladie chez l'homme reste quelque peu énigmatique pour les scientifiques. Bien que l'infection soit acquise en général au début de l'enfance, il arrive qu'elle mette des années pour se manifester.

     De fait, de nombreuses personnes ne présentent jamais les manifestations cliniques extérieures de leur infection. Même en l'absence de symptômes cliniques, les études ont désormais révélé que ces victimes, apparemment en bonne santé, souffraient d'une pathologie lymphatique cachée ainsi que de lésions rénales. Cette forme asymptomatique se caractérise le plus souvent par la présence de milliers ou de millions de microfilaires (les parasites au stade larvaire) dans le sang et de macrofilaires (vers adultes) dans le système lymphatique.

    Les symptômes les plus graves de la maladie chronique apparaissent en général chez les adultes, plus souvent chez l'homme que chez la femme. Dans les communautés d'endémie, 10 à 50 % des hommes souffrent de lésions génitales, notamment l'hydrocèle (gonflement comme un ballon des sacs entourant les testicules par l'afflux de liquide) et l'éléphantiasis du pénis et du scrotum. L'éléphantiasis de la jambe entière, de tout le bras, de la vulve ou des seins — un gonflement qui peut atteindre plusieurs fois la taille normale — touche jusqu'à 10 % des hommes et des femmes dans ces communautés. La stigmatisation psychologique et sociale associée à cette maladie est immense.

     Les épisodes aigus d'inflammation locale touchant la peau, les ganglions et les vaisseaux lymphatiques accompagnent souvent la lymphangite chronique ou l'éléphantiasis. Certains d'entre eux sont provoqués par la réponse immunitaire de l'organisme au parasite, mais la plupart sont le résultat des infections bactériennes de la peau, qui a perdu une partie de ses défenses immunitaires à cause des lésions lymphatiques sous-jacentes. Le nettoyage soigneux des surfaces infectées peut contribuer énormément à les guérir et même à ralentir, ou de façon encore plus remarquable, à réduire les lésions déjà apparues.

     Dans les régions d'endémie, les manifestations aiguës et chroniques de la filariose tendent à apparaître plus souvent et plus rapidement chez les réfugiés ou les nouveaux arrivants que dans les populations locales, continuellement exposées. La lymphangite peut se développer en six mois et l'éléphantiasis dans un délai aussi court qu'une année.

Diagnostic : Jusqu'à tout récemment le diagnostic de la filariose lymphatique posait de grandes difficultés. Il fallait en effet rechercher au microscope les microfilaires dans le sang et, dans la plupart des régions du monde, elles ont une périodicité nocturne qui ne les fait apparaître qu'en milieu de nuit. Le récent développement d'une "épreuve sur carte" très sensible, spécifique et simple, pour dépister les antigènes parasitaires en circulation sans devoir recourir à des installations de laboratoire et en utilisant une simple goutte de sang obtenue par piqûre du doigt à n'importe quelle heure du jour, a complètement transformé l'approche. Avec ce nouvel outil diagnostic et d'autres, il est désormais possible à la fois d'améliorer notre compréhension de l'endroit où l'infection survient et de surveiller plus facilement l'efficacité des traitements et des programmes de lutte.

Traitement :Communautés où la filariose est endémique. Le traitement d'une communauté touchée a pour but premier d'éliminer les microfilaires du sang des sujets infestés afin d'interrompre la transmission du parasite par le moustique. De récentes études ont montré que des doses uniques de diéthylcarbamazine (DEC) ont le même effet réducteur à long terme (1 an) sur la microfilarémie que les schémas de DEC d'une durée de 12 jours jusqu'alors recommandés et, fait plus important encore, que l'administration simultanée de doses uniques de 2 médicaments (dans l'idéal, albendazole ou DEC associés à l'ivermectine) permet avec une efficacité de 99 % d'éliminer les microfilaires du sang pendant toute l'année qui suit le traitement. L'efficacité de ce traitement a relancé les efforts en vue d'éliminer la filariose lymphatique.

     Traitement des cas individuels. Il a été démontré que tant l'albendazole que la DEC tuent les filaires adultes (condition requise pour une guérison complète), mais les meilleurs schémas thérapeutiques n'ont pas encore été définis. De toute évidence, ce traitement antiparasitaire peut apporter une amélioration chez les malades souffrant d'éléphantiasis et d'hydrocèle (en particulier aux premiers stades de la maladie), mais le plus grand pas que l'on ait fait en vue d'atténuer la souffrance des malades atteints d'éléphantiasis est la découverte que la progression de la maladie résulte principalement d'une surinfection bactérienne et fongique des tissus dont la fonction lymphatique est bloquée par l'infestation. C'est pourquoi une hygiène rigoureuse des membres atteints, accompagnée de mesures supplémentaires pour réduire le risque d'infection et stimuler le flux de lymphe permet à la fois de réduire considérablement la fréquence des crises inflammatoires aiguës ("fièvres filariennes") et d'améliorer de façon spectaculaire l'éléphantiasis elle-même.

Programme de l'OMS pour l'élimination de la filariose lymphatique:

Le programme adopté par la Division de la Lutte contre les Maladies tropicales (CTD) en vue d'éliminer la filariose lymphatique repose sur une stratégie double : premièrement, endiguer la maladie (c'est-à-dire interrompre la transmission) et deuxièmement, atténuer la souffrance des malades (c'est-à-dire juguler la morbidité).

     Pour interrompre la transmission, il faut recenser les communautés d'endémie, puis mettre en oeuvre des programmes de traitement de masse couvrant la totalité de la population exposée au risque d'infection. Dans la plupart des pays, il sera nécessaire d'administrer une fois par an un ou deux médicaments en association pendant une période spéciale de quatre à six ans.

    Pour atténuer la souffrance causée par la maladie, il faut expliquer aux communautés et aux malades qu'une bonne hygiène des parties atteintes est capitale pour à la fois soigner les lésions et prévenir les crises inflammatoires débilitantes.

    En collaboration avec les Bureaux régionaux, les bureaux de pays et les centres collaborateurs de l'OMS, CTD encourage et aide les pays d'endémie à revoir leurs programmes nationaux et à élaborer des plans d'action faisant appel aux nouvelles méthodes et approches mises au point pour éliminer la filariose lymphatique. En janvier 1998, 13 pays avaient modifié leur plan d'action national et sept d'entre eux avaient déjà mis en route un programme d'élimination.

     Afin de fournir l'appui indispensable à l'action entreprise en vue d'éliminer la filariose, SmithKline Beecham PLC a gracieusement accepté (en janvier 1998) de collaborer avec l'OMS/CTD au programme d'élimination de la filariose lymphatique. Par le canal de l'OMS, cette firme fera don d'une quantité suffisante de doses d'albendazole pour éliminer la maladie dans le monde, apportera un appui financier et mettra à disposition ses ressources humaines et ses compétences techniques.

      La Banque mondiale et le Fonds arabe de Développement économique et social se sont associés à ces efforts. L'OMS invite les organisations du système des Nations Unies et ses autres partenaires du secteur de la santé à participer eux aussi à ce programme international d'élimination de la filariose lymphatique. C'est en effet le nouveau partenariat, que sont en train de former les scientifiques, les agents de santé, les secteurs public et privé, les communautés touchées et les malades, qui donnera l'élan nécessaire pour atteindre l'objectif récemment fixé par la Cinquantième Assemblée mondiale de la Santé, à savoir éliminer la filariose lymphatique en tant que problème de santé publique dans tous les pays d'endémie d'ici 2020.


Pour de plus amples renseignements, les journalistes peuvent s'adresser à l'OMS à Genève, à Communication pour la Santé et Relations publiques, OMS, Genève. Téléphone : (41 22) 791 4458. Télécopie : (41 22) 791 4858.

Tous les communiqués de presse, aide-mémoire et OMS information peuvent être obtenus sur Internet à la page d'accueil http://www.who.ch/  


    New Delhi – Il est possible d’éliminer simplement cette maladie qui inflige des atteintes physiques importantes et peut affecter la vie des malades dans tous ses aspects, qu’il s’agisse de l’activité sexuelle ou de la capacité de travailler. En administrant simplement une dose de deux médicaments une fois par an pendant cinq ans, les parasites microscopiques responsables sont tués et la transmission est interrompue.

C’est la bonne nouvelle au sujet de la filariose  lymphatique, dont débattront les 2 et 3 mai à New Delhi les ministres d'au moins sept des pays les plus touchés. Ils se sont rendus en Inde pour participer à une rencontre réunissant l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et ses partenaires de l’Alliance mondiale pour l’élimination de la filariose lymphatique. Ils évalueront ensemble les succès récents et décideront des stratégies à appliquer à l’avenir pour mettre fin une fois pour toutes à ce fléau.

« L’Alliance mondiale pour l’élimination de la filariose lymphatique est un modèle de partenariat. Elle est pragmatique et axée sur les résultats, a déclaré le docteur Gro Harlem Brundtland, Directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé. Avant tout, le rôle des partenaires ne se limite pas à donner des ressources mais va au-delà en aidant les pays à instituer des programmes autosuffisants d’élimination de la la filariose  lymphatique. ».

          Jean Pierre Garnier, Président-Directeur général de GlaxoSmithKline, a fait observer à New Delhi que sa société venait de donner son cent millionième traitement pour un des médicaments du programme. Comme il l’explique : « cela confirme notre engagement dans l’un des programmes les plus prometteurs et le don de médicaments le plus important du monde. ».

        Un nombre incroyablement grand de personnes souffrent de nos jours de la filariose lymphatique et des atteintes physiques qu’elle inflige. Au moins 120 millions de personnes en ont été atteints dans le monde et 40 millions d’entre eux ont souffert d’incapacités ou de handicaps importants à cause des milliers de parasites qui s’amassent dans l’organisme, entraînant un œdème des membres ou des organes génitaux, ainsi que des lésions internes des organes et du système lymphatique.

             On donne parfois à la filariose lymphatique le nom d’éléphantiasis en raison de l’énormité de l’œdème qu’elle peut produire à un stade avancé. Elle peut toucher des bras ou des jambes dans leur entièreté, de même que les organes génitaux. La zone affectée enfle en se remplissant de liquide que l’organisme n’arrive plus à réguler à cause des vers qui parasitent et lèsent le système lymphatique.

Si la filariose lymphatique ne tue pas physiquement les malades, elle les achève sur le plan économique et social en provoquant des réactions de rejet de la part de leur communauté. Les patients à un stade avancé ont souvent des difficultés à trouver un emploi ou un partenaire, s’ils sont célibataires. S’ils sont mariés, il arrive que leur conjoint les quitte.

         Comme le rappelle Pierre Tapfoba, Ministre de la Santé et du Développement au Burkina Faso : « la filariose lymphatique figure en haut de la liste des priorités pour notre gouvernement. Si nous avions plus de ressources, nous pourrions accélérer l’élimination de cette maladie dans le pays. ».

         L’administration annuelle régulière de deux médicaments interrompt totalement la transmission en détruisant les parasites et leur descendance chez les personnes infectées. L’infection ayant disparu, les moustiques ne peuvent plus prélever de parasites susceptibles d’être transmis à une autre personne.

        L’idée est de traiter l’ensemble de la population « à risque », ce qui représente environ un milliard de personnes dans le monde entier, pendant une période suffisamment longue pour s’assurer que la microfilarémie reste à un niveau inférieur à celui qui est nécessaire pour la transmission. On administre chaque année en dose unique les deux médicaments pendant quatre à six ans, ce qui couvre la durée pendant laquelle les parasites peuvent se reproduire.

        Ces médicaments ne guériront pas totalement ceux qui souffrent déjà des effets de la filariose lymphatique, mais des mesures relativement simples peuvent être prises pour soulager les effets de cette parasitose. Le nettoyage soigneux de la zone infectée suffit à éviter les conséquences les plus graves de la maladie. Les chercheurs savent désormais que les symptômes les plus extrêmes sont dus en grande partie à des surinfections bactériennes ou fongiques qu’une bonne hygiène permet d’éviter.

       Tandis que cette hygiène soigneuse aide les malades, le Programme mondial d’élimination de la filariose lymphatique a pour principale priorité d’interrompre la transmission.

       La filariose lymphatique est une maladie à transmission vectorielle, le vecteur étant le moustique. Lorsque les parasites se développent chez un patient, ils libèrent des milliers de vers microscopiques, appelés microfilaires, dans la circulation sanguine. Encore immatures, ils sont prêts à passer au stade suivant de leur cycle de vie.

       Si un moustique pique une personne infectée, il absorbe les microfilaires avec son repas de sang. Le développement se poursuit alors jusqu’à ce que les minuscules parasites soient prêts à infecter une deuxième personne. Ils migrent dans l’organisme du moustique et se rassemblent près de la bouche de l’insecte. Lors du repas de sang suivant, le moustique les dépose sur la peau. Rejoignant alors la circulation sanguine, ils poursuivent leur développement et se propagent dans l’organisme de la victime.

       Des succès ont été récemment enregistrés. La plus grande administration de médicaments jamais réalisée pour la filariose lymphatique a eu lieu dans l’État du Tamil Nadu en Inde : en une journée, 28 millions de personnes ont reçu les médicaments indispensables pour interrompre la propagation de la maladie. Une autre campagne, à Zanzibar, a couvert 800 000 personnes. En 2001, 26 autres millions de personnes ont été traitées dans le monde.

      Voilà donc ce qui peut être fait, avec facilité et efficacité, à l’aide des techniques à notre disposition. Cela nécessite toutefois une très grande volonté sociale et politique, ainsi que la mobilisation d’un nombre important de personnes dans les communautés affectées du monde entier. L’enjeu consiste désormais à faire ce qui peut l’être, dans chaque pays où la filariose lymphatique anéantit des vies.


Pour plus de renseignements, s’adresser à Iain Simpson, Attaché de Presse, Maladies transmissibles, OMS, Genève. Tel. (+41 22) 791 3215; Fax (+41 22) 791 4821; E-mail: simpsoni@who.int
Tous les communiqués de presse, aide-mémoire et OMS information, ainsi que d’autres informations sur le sujet, peuvent être obtenus sur Internet à la page d’accueil de l’OMS : http://www.who.int

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