Aide-mémoire
N° 95
Révision février 2000
L'onchocercose, deuxième cause
de cécité d'origine infectieuse dans le monde, frappe 36 pays
d'Afrique, de la péninsule arabique et des Amériques. Le problème
de santé publique touche surtout l'Afrique, où la maladie
constitue un obstacle sérieux au développement socio-économique.
On appelle souvent l'onchocercose "cécité des rivières"
en raison de sa manifestation la plus extrême et parce que le
vecteur affectionne les terres fertiles à proximité des cours
d'eau, qui restent souvent inhabitées par crainte de l'infection.
Prévalence
Dans le monde, environ 120 millions de personnes sont exposées au risque
d'onchocercose, dont 96 % en Afrique.
Sur les 36 pays d'endémie onchocerquienne, 30 se trouvent en Afrique
sub-saharienne (et au Yémen) et six dans les Amériques.
Au total 18 millions de personnes sont infestées et présentent des
microfilaires dermiques, dont 99 % en Afrique.
Six millions et demi de personnes infestées souffrent d'un prurit
intense ou d'une dermatite et 270 000 ont perdu la vue.
Caractéristiques: L'onchocercose
est provoquée par Onchocerca volvulus, un ver parasite qui
peut vivre jusqu'à 14 ans chez l'homme. Chaque femelle adulte, ver
mince mais mesurant plus de 50 cm, produit des millions de
microfilaires (larves microscopiques) qui migrent à travers
l'organisme en provoquant toute une série de symptômes : atteintes
visuelles importantes pouvant aller jusqu'à la cécité; éruptions
et lésions cutanées, prurit intense et dépigmentation de la peau;
lymphoedèmes provoquant des aines pendantes, ainsi qu'un éléphantiasis
des organes génitaux; et un affaiblissement général. Les
manifestations de l'onchocercose apparaissent un à trois ans après
la pénétration des larves infectantes.
Les microfilaires produites chez
un sujet sont transmises à un autre par une mouche, la simulie, qui
en Afrique de l'Ouest appartient au complexe Simulium damnosum.
La simulie pond ses oeufs dans les eaux de rivières à courant
rapide. Les simulies adultes qui émergent au bout de 8 à 12 jours
ont une espérance de vie atteignant quatre semaines pendant
lesquelles elles peuvent couvrir des centaines de kilomètres.
Après l'accouplement, la simulie
femelle, qui est hématophage, cherche à s'alimenter et peut ingérer
des microfilaires si elle prend son repas de sang sur un
onchocerquien. Certaines des microfilaires ingérées se
transforment en larves infectantes dans l'organisme de la simulie;
celle-ci les réinjecte ensuite lors du repas suivant à un autre
sujet humain chez qui elles deviendront des parasites adultes,
bouclant ainsi le cycle évolutif du parasite.
Le Programme de Lutte
contre l'Onchocercose (OCP):
Le Programme de Lutte
contre l'Onchocercose en Afrique de l'Ouest (OCP) fut le premier
grand programme mis sur pied pour combattre cette maladie. Il a été
lancé en 1974 et l'aire initiale du Programme comprenait sept pays.
En 1986, l'aire du Programme a été étendue à quatre autres pays,
portant à 11 le nombre total des participants. L'aire totale qui
couvre une superficie de 1 230 000 km2 est peuplée d'une trentaine
de millions d'habitants.
Le Programme a été parrainé
conjointement par l'OMS, la Banque mondiale, le Programme des
Nations Unies pour le Développement et l'Organisation des Nations
Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture. Il est en outre appuyé
par une coalition de plus de 22 pays et organismes donateurs. C'est
l'OMS qui en est l'agent d'exécution, alors que la Banque mondiale
est chargée de mobiliser les ressources et d'administrer le fonds
fiduciaire d'OCP. Le Programme devrait mettre fin à ses opérations
d'ici l'an 2002. Le coût total estimé du Programme sera de US $550
millions, soit moins de US $1 par an pour chaque sujet protégé.
La principale méthode de lutte
contre l'onchocercose dans le cadre d'OCP consiste à interrompre le
cycle de transmission par l'élimination des simulies. Les larves de
simulies sont détruites par l'épandage aérien d'insecticides
choisis sur les gîtes larvaires situés dans les rivières à fort
courant. Si le cycle de l'onchocercose est interrompu pendant 14
ans, le réservoir de vers adultes finit par disparaître dans la
population, éliminant ainsi la source de la maladie. Aujourd'hui,
le réservoir du parasite a pratiquement disparu dans l'aire
initiale de sept pays (voir la carte) et devrait être largement éliminé
dans les quatre autres pays d'ici l'an 2002. Pour compléter les
activités de lutte antivectorielle, OCP distribue désormais
l'ivermectine à ceux qui en ont besoin dans l'aire du Programme
selon une approche relevant des communautés. L'ivermectine tue les
larves responsables de la cécité et des autres manifestations
onchocerquiennes tout en réduisant la transmission.
Réalisations du Programme:
Quand OCP a été lancé,
on comptait plus d'un million d'onchocerquiens en Afrique de
l'Ouest, dont 100 000 présentaient des lésions oculaires graves et
35 000 étaient aveugles. Aujourd'hui, il n'y a pratiquement plus
d'onchocerquiens dans l'aire initiale d'OCP et les efforts de lutte
antivectorielle ont pratiquement cessé.
Environ 1,5 million d'anciens onchocerquiens ne présentent aucune trace
de la maladie et 11 millions d'enfants nés dans l'aire du Programme
depuis le lancement d'OCP ne sont plus exposés au risque de la
maladie.
A la fin du siècle, on a estimé qu'OCP aura permis d'éviter près de
300 000 cas de cécité dans les 11 pays du Programme.
Le succès des activités de lutte antivectorielle permet d'exploiter
quelque 25 millions d'hectares de terres fertiles situées à
proximité des rivières et auparavant désertées par crainte de
l'onchocercose. Ces terres peuvent nourrir 17 millions d'habitants
supplémentaires si l'on y utilise les technologies et pratiques
agricoles locales.
Stratégie de lutte
mondiale: L'ivermectine
mise au point dans les années 80 est le premier médicament capable
de réduire de façon efficace et sans danger le nombre de
microfilaires cutanées chez les onchocerquiens et d'assurer une amélioration
clinique et une diminution de la transmission. On a ainsi pu définir
une nouvelle stratégie mondiale de lutte contre la maladie sur la
base de l'administration annuelle d'une dose unique d'ivermectine aux populations
touchées.
En 1987, le fabricant
d'ivermectine, Merck & Co. Inc., s'est engagé à fournir gratuitement
les quantités de médicaments nécessaires aussi longtemps qu'il
faudrait pour éliminer l'onchocercose comme problème de santé
publique. Il a mis sur pied, en collaboration avec l'OMS, les ministères
de la santé et les organisations non gouvernementales de développement
(ONGD) un programme de dons de Mectizan®: entre 1987 et fin
1996, plus de 65 millions de doses de Mectizan® ont été
distribuées gratuitement.
Programme d'élimination de
l'onchocercose dans les Amériques (OEPA):
Afin de coordonner les
efforts de lutte contre l'onchocercose dans six pays d'endémie sur
le continent américain et de parvenir à soigner les malades, puis
à éliminer la maladie, on a créé en 1992 le Programme d'élimination
de l'onchocercose dans les Amériques (OEPA) avec l'appui de l'OPS,
de la Banque interaméricaine de Développement, d'un consortium de
ONGD, et de tous les pays concernés.
Programme africain de lutte
contre l'onchocercose (APOC):
Le remarquable succès du
Programme de Lutte contre l'Onchocercose (OCP) du point de vue de la
santé, de l'économie et du développement a servi de justification
au lancement d'un nouveau programme en décembre 1995, le
Programme africain de lutte contre l'onchocercose (APOC). Les
organismes co-parrainants et les donateurs sont les mêmes que pour
l'OCP.
Contrairement à l'OCP, le
nouveau Programme n'est pas vertical et repose sur un plein et
entier partenariat entre les communautés touchées, les
gouvernements participants, un consortium d'ONGD et des organismes
bilatéraux.
Le Programme a pour but de mettre
en place, sur une période de 12 ans, des systèmes durables de
distribution d'ivermectine (Mectizan®) sous directives
communautaires et couvrant une cinquantaine de millions de personnes
dans 19 pays qui ne font pas partie de l'OCP et où
l'onchocercose demeure un grave problème de santé publique. Ces
pays sont les suivants : Angola, Burundi, Cameroun, Congo, Ethiopie,
Gabon, Guinée équatoriale, Kenya, Libéria, Malawi, Nigéria,
Ouganda, République centrafricaine, République démocratique du
Congo, Rwanda, Soudan, Tanzanie et Tchad.
Dans ces pays, on estime que sur
les 15 millions de personnes fortement infestées, 6,4 millions
vivent dans des zones où les souches de parasites sont une cause
majeure de cécité, et 8,6 millions dans des zones où les
souches de parasites sont à l'origine de graves maladies de la peau
associées à un prurit sévère et incessant.
Les partenaires d'APOC sont
coresponsables de la mise en oeuvre de la principale stratégie de
lutte du Programme, qui repose sur le traitement dans le cadre de la
communauté par l'ivermectine. Chaque fois que possible, le
traitement par l'ivermectine sera complété par l'élimination des
vecteurs selon des méthodes sans danger pour l'environnement.
Depuis le début du Programme,
l'administration est située au siège de l'OCP et des groupes d'étude
sur l'onchocercose ont été créés dans 14 pays. Le mémorandum
(accord multilatéral) a été signé par 19 pays et 13 donateurs
et le Programme a pris effet en avril 1996. Fin 1999, 12 plans
nationaux de lutte contre l'onchocercose avaient été mis au point
et 57 projets avaient été
approuvés pour financement, à
savoir : 48 projets de distribution d'ivermectine, 4 projets
d'élimination des vecteurs et 5 projets pour le renforcement
des secrétariats des groupes d'étude. Trente-huit de ces projets
ont déjà démarré.
En 1996, le groupe de
coordination des ONGD avait supervisé la distribution d'ivermectine
à 7,5 millions de personnes. Au cours de la première année où
l'APOC a mené des activités de terrain (1997-1998), ce nombre est
passé à 11,7 millions et devait dépasser 15 millions à
la fin 1999. Cette augmentation constante, de même que des
relations de travail étroites entre tous ses partenaires, permettra
à APOC d'atteindre son objectif consistant à traiter 45 millions
de personnes d'ici 2007.
Futurs enjeux pour OCP et
APOC: Quand
l'OCP mettra fin à ses activités en 2002, sa stratégie actuelle
d'élimination des larves par pulvérisation aérienne ne
s'appliquera plus. Dans certains pays couverts par l'OCP, la
distribution d'ivermectine est déjà devenue l'unique méthode de
lutte. Ces pays poursuivront le traitement par l'ivermectine selon
la même stratégie de lutte que l'APOC et les enjeux seront les mêmes,
à savoir :
i) Avec les communautés touchées,
mettre au point des systèmes de distribution compétents qui
serviront d'exemples pour la distribution d'autres médicaments
contre les maladies tropicales.
ii) Comme il touche à sa fin,
l'OCP vise à intégrer les activités déléguées dans les différents
systèmes de santé, tandis que l'APOC vise à déléguer dès le départ
toutes les activités de lutte aux systèmes de santé des pays
participants. Les deux programmes échangeront leurs données d'expérience
dans ce domaine.
iii) Enfin, l'enjeu supplémentaire
pour l'APOC est de démontrer que son partenariat d'un genre unique
est capable d'apporter une solution durable à un problème de santé
publique et de développement.
Communiqués
2001 | Communiqués
2002
Aide-mémoire
| Mediacentre | In
English
© WHO/OMS,
2002 | Contact
OMS
Pour plus de
renseignements, s'adresser à l'OMS Genève, au Bureau de Presse et
des Relations publiques, Téléphone: (4122) 791 2599. Télécopie :
(4122) 791 4858. Courrier électronique: inf@who.ch.
Au Burkina Faso, s'adresser au Dr K. Y. Dadzie, Directeur, Programme
de lutte contre l'onchocercose et Directeur par intérim du
Programme africain de lutte contre l'onchocercose, Téléphone :
(226) 30 23 01. Télécopie : (226) 30 21 47.
Tous les
communiqués de presse, aide-mémoire et OMS information peuvent être
obtenus sur Internet à la page d'accueil http://www.who.ch/ |